Chimiothérapie du cancer du poumon : les effets indésirables possibles
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La chimiothérapie conventionnelle peut provoquer aussi :
- une baisse des globules blancs, des globules rouges ainsi que des plaquettes ;
- des sensations d’engourdissement et de fourmillement ;
- une perte d’appétit ;
- des réactions allergiques ;
- des troubles de la peau ;
- une modification de la couleur et une fragilisation des ongles ;
- des troubles de l’audition ;
- un dysfonctionnement des reins et/ou du foie ;
- des troubles de la sexualité.
Baisse des globules blancs, des globules rouges et des plaquettes
Les médicaments de chimiothérapie conventionnelle ont souvent des effets indésirables sur le sang et la moelle osseuse. Ils peuvent entraîner:
- une baisse du nombre de globules blancs (leucopénie), en particulier des polynucléaires neutrophiles (neutropénie) ou des lymphocytes (lymphopénie). Cette baisse entraîne un risque accru d’infection car les moyens de défense du corps sont réduits ;
- une diminution du nombre de globules rouges et de la quantité d’hémoglobine, qui provoque, lorsqu’elle est importante, une anémie. L’anémie se manifeste principalement par une pâleur et une fatigue qui ne s’atténue pas avec le repos ;
- une baisse du nombre de plaquettes (thrombopénie) qui participent au phénomène de coagulation du sang. Une diminution des plaquettes augmente le risque d’ecchymoses et de saignements.
Une baisse importante et simultanée du nombre des globules blancs, des globules rouges et des plaquettes peut se produire. On parle alors d’aplasie.
Avant chaque cure de chimiothérapie conventionnelle, des prises de sang permettent de vérifier le nombre de globules blancs, globules rouges et plaquettes. En dessous d’un certain seuil, la séance de chimiothérapie peut être remise à plus tard et les doses administrées sont ajustées.
Il est parfois nécessaire de prescrire des facteurs de croissance lorsque la baisse du nombre de globules blancs ou de globules rouges est trop importante. Ces facteurs de croissance peuvent être parfois administrés en prévention de la neutropénie fébrile (neutropénie associée à la fièvre) induite par certains traitements.
Dans de rares cas, une transfusion de globules rouges ou de plaquettes peut être réalisée.
En cas de fièvre ou si vous ne vous sentez pas bien (frissons, diarrhées ou vomissements importants), contactez immédiatement votre médecin. À noter qu’avec le pemetrexed, votre médecin doit vous prescrire une supplémentation en vitamines (acide folique et vitamine B12) pour réduire la survenue des toxicités hématologiques, en particulier des neutropénies sévères.
Sensations d’engourdissement ou de fourmillement
Certains médicaments de chimiothérapie conventionnelle ont un effet toxique sur les nerfs (notamment les médicaments dérivés du platine, comme le cisplatine ou le carboplatine). Ils peuvent entraîner des troubles de la sensibilité, appelés paresthésies, qui se manifestent par des sensations d’engourdissement, de fourmillements ou de picotements qui peuvent être douloureuses et handicapantes. Ils peuvent également se manifester par des troubles de la coordination ou une perte de force dans les muscles. Ces symptômes sont nommés troubles neuropathiques périphériques. Il est très important de les signaler immédiatement à votre médecin sans attendre le rendezvous suivant et même si vous les supportez bien. Ils peuvent rendre nécessaire une diminution des doses ou un arrêt du traitement.
Perte d’appétit
Parfois, une chimiothérapie conventionnelle entraîne une perte de l’appétit. Si elle se prolonge, elle peut générer un amaigrissement et à terme une situation de dénutrition. La dénutrition a de nombreuses conséquences, comme une fonte des muscles ou une fatigue importante. Elle peut également empêcher le bon déroulement de votre traitement, c’est pourquoi il faut la limiter le plus précocement possible. Un diététicien ou un nutritionniste peuvent vous conseiller sur la façon de mieux vous alimenter pendant votre traitement. En cas de nécessité, des compléments alimentaires pourront vous être prescrits pour éviter un amaigrissement trop important.
Conseils pratiques
Si possible, manger accompagné.
Travailler la présentation des plats.
S’installer à table, de préférence dans un cadre agréable.
Réactions allergiques
Comme tout médicament, les médicaments de chimiothérapie conventionnelle peuvent être source d’allergie. Ces réactions surviennent en général lors de la perfusion. Alertez votre médecin en cas de gonflement du visage, des lèvres et de la langue, d’oppression au niveau de la poitrine, de difficultés à respirer ou d’essoufflement, de fièvre (ou de frissons), de réactions cutanées graves (démangeaisons, rougeurs, boutons), de baisse ou de hausse de la tension, de bouffées de chaleur, ou de tout autre trouble inhabituel.
Pour prévenir ces effets indésirables avec le paclitaxel, le docetaxel et le pemetrexed, un traitement par corticoïdes est administré avant le traitement. Il peut se prolonger pendant le traitement et après.
Le corticoïde est associé à des médicaments ciblant spécifiquement l’allergie avant le traitement par le paclitaxel.
Troubles de la peau
Certains médicaments de chimiothérapie conventionnelle peuvent entraîner des troubles cutanés (au niveau de la peau): rougeurs, plaques, acné, cloques, démangeaisons, dessèchement, tiraillement, modifications de la couleur, décoloration, infection, inflammation, abcès, crevasses…
Parmi ces troubles, le syndrome main-pied se manifeste au niveau de la paume des mains et de la plante des pieds. Celui-ci se caractérise par des rougeurs, un gonflement, une sécheresse ou des cloques. C’est le cas pour le docetaxel.
Conseils pratiques
À faire
Appliquer régulièrement et généreusement un agent hydratant sur la peau (après la toilette avec un pain surgras).
Réaliser une manucure et une pédicure avant de commencer le traitement, si les mains et les pieds sont déjà un peu abîmés (présence de corne).
Porter des vêtements amples et des chaussures souples.
À éviter
S’exposer les mains et les pieds à la chaleur (soleil, bains chauds).
Pratiquer des activités qui entraînent un frottement de la peau ou une pression sur les mains (activités ménagères, conduite, jardinage…).
Appliquer des pansements adhésifs ou des bandages serrés.
Marcher de manière prolongée et courir en cas de syndrome mainpied.
Si, malgré l’application de ces conseils, votre peau devient rouge, sensible ou douloureuse, signalez-le à votre médecin sans attendre que les symptômes n’empirent. Des médicaments antidouleur, prescrits par votre médecin, ou des soins locaux peuvent les soulager.
Modification de la couleur et fragilisation des ongles
Au cours du traitement par le docetaxel, les ongles peuvent devenir cassants, striés et ondulés et finir parfois par tomber. Il est conseillé de porter des chaussures confortables et des gants de protection pour le jardinage et les travaux ménagers, de se couper les ongles courts, afin d’éviter qu’ils ne se fissurent ou se soulèvent.
Certains centres mettent parfois à disposition des patients, lors de l’administration du traitement, des gants ou des chaussons réfrigérants ou proposent des bains des orteils dans de l’eau froide. Ces mesures ont pour effet de réduire l’afflux sanguin dans les extrémités et donc la quantité de produit de chimiothérapie conventionnelle qui affecte les cellules des ongles. Cela aide parfois à limiter la fragilisation des ongles.
Certaines équipes conseillent par ailleurs d’utiliser un vernis au silicium pour protéger les ongles tout au long de la période des traitements. Vous pouvez solliciter votre équipe soignante à ce sujet pour en savoir plus.
Des troubles de l’audition
Des troubles auditifs peuvent apparaître avec le carboplatine et surtout avec le cisplatine. Cela peut se manifester par des difficultés à entendre les sons aigus pour une oreille ou les deux (voire une perte d’audition pour les sons aigus), ainsi que des bourdonnements d’oreilles. Il est important de les signaler à l’équipe soignante. L’audition est surveillée avant et pendant le traitement.
Des troubles rénaux
Certains médicaments peuvent avoir une incidence sur la fonction rénale. C’est le cas du carboplatine, du pemetrexed et surtout du cisplatine. Afin de diminuer la toxicité rénale du cisplatine, une hyperhydratation avant et pendant cette chimiothérapie conventionnelle est parfois proposée. L’hyperhydratation consiste à administrer au patient par perfusion du liquide physiologique en quantité abondante et à lui faire boire beaucoup d’eau. Ceci permet de diluer le médicament, ce qui diminue sa toxicité, mais pas son efficacité. Dans certaines situations, cette technique peut nécessiter une hospitalisation d’un à deux jours pour chaque cure de chimiothérapie de cisplatine. Une surveillance des reins est systématiquement prévue avant chaque cure de chimiothérapie conventionnelle afin de surveiller leur fonctionnement. En général, cette surveillance s’effectue par une prise de sang.
Des troubles hépatiques
Certains médicaments de chimiothérapie conventionnelle peuvent avoir une incidence sur le fonctionnement du foie. Une élévation de certaines enzymes du foie est très fréquente avec la gemcitabine et avec la vinorelbine. Des analyses biochimiques doivent être faites régulièrement pour contrôler le bon fonctionnement du foie avec la gemcitabine, mais aussi avec le pemetrexed. L’administration de gemcitabine et de vinorelbine doit se faire avec précaution en cas d’insuffisance hépatique.
Des troubles de la sexualité
Avec toute chimiothérapie conventionnelle, la libido peut être modifiée pendant le traitement et quelque temps après. Les effets indésirables des médicaments, comme la fatigue physique et psychologique, la modification de l’image de soi, les nausées et les vomissements peuvent en effet diminuer temporairement le désir ou la capacité physique. De même, le stress et l’inquiétude entraînent souvent une baisse de désir. Cette diminution de la libido est normale et généralement temporaire. La sexualité ne se limite pas aux rapports sexuels ; elle englobe l’affection, la tendresse, la parole…
Avec le temps, lorsque le traitement est terminé et que les effets indésirables disparaissent, le désir revient petit à petit à son niveau habituel. En cas de difficultés, n’hésitez pas à en parler à votre équipe médicale qui vous orientera vers une solution adaptée à votre situation. Par exemple, un accompagnement psychologique, pour vous et votre partenaire, peut être mis en place.