Chimiothérapie conventionnelle et thérapies ciblées du cancer du poumon : les effets indésirables communs
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La chimiothérapie conventionnelle et les thérapies ciblées peuvent provoquer :
- des nausées et des vomissements ;
- des diarrhées et une constipation ;
- des lésions de la bouche ;
- une chute des cheveux ;
- une fatigue ;
- des troubles de la fertilité.
Nausées et vomissements
Pour la chimiothérapie conventionnelle, les nausées (sensations d’écœurement) commencent souvent le soir ou le lendemain de la perfusion. Elles durent rarement plus de 72 heures après le traitement. Elles ne sont pas systématiquement accompagnées de vomissements. Des phénomènes de nausées précédant la chimiothérapie (anticipatoires) peuvent survenir : elles commencent parfois dès l’entrée dans l’hôpital, avant le début de la perfusion. Ces nausées sont liées à l’anxiété provoquée par le traitement et peuvent être réduites par des médicaments ou par des techniques de relaxation.
Pour toutes les thérapies ciblées contre le cancer du poumon, les nausées (sensations d’écœurement) et les vomissements sont des effets indésirables fréquents ou très fréquents. Lorsque des vomissements surviennent, tant pour la chimiothérapie conventionnelle que pour les thérapies ciblées, il est conseillé de se rincer la bouche avec de l’eau froide et d’attendre une à deux heures avant de manger. Les vomissements ne persistent, en général, pas plus de 48 heures après le traitement. Afin de les limiter, des médicaments dits antiémétiques peuvent vous être prescrits. Si ces effets indésirables apparaissent malgré le traitement préventif, signalez-le à votre médecin.
Conseils pratiques pour limiter les nausées et vomissements
À faire
Privilégier les aliments froids ou tièdes qui sont moins odorants que les aliments chauds.
Privilégier plusieurs petits repas, plutôt que deux repas traditionnels plus longs à digérer.
Manger lentement en mastiquant bien afin de faciliter la digestion.
Manger légèrement avant et après le traitement.
Boire plutôt avant ou après les repas. Les boissons gazeuses fraîches, à base de cola notamment, aident parfois à diminuer les nausées.
Pour le crizotinib, prendre le médicament au cours du repas.
À éviter
Consommer des aliments lourds difficiles à digérer comme les aliments frits, gras ou épicés.
Boire pendant les repas.
Fumer.
Il arrive que, pendant les traitements (certaines chimiothérapies conventionnelles et thérapies ciblées), des personnes ressentent un mauvais goût dans la bouche ou soient particulièrement sensibles aux odeurs. Cela entraîne parfois l’apparition de nausées. Diverses alternatives sont alors proposées :
- sucer des bonbons mentholés diminue le goût désagréable ;
- pratiquer des exercices de relaxation avant et pendant la perfusion de chimiothérapie conventionnelle. Sollicitez des conseils à ce sujet auprès des soignants ;
- regarder la télévision, écouter la radio ou de la musique, jouer à des jeux de société, lire, discuter, etc., pendant la perfusion. Ces activités contribuent parfois à diminuer la sensation de nausées ;
- privilégier les aliments qui vous attirent le plus, ainsi que les modes de cuisson et les plats qui dégagent le moins d’odeurs.
Diarrhées et constipation
Les diarrhées sont fréquentes avec toutes les thérapies ciblées et avec certains médicaments de chimiothérapie conventionnelle utilisés pour traiter les cancers du poumon. Pour l’erlotinib, le gefitinib et l’afatinib notamment, il s’agit de diarrhées d’apparition précoce (dans le premier mois) pouvant persister et avoir un impact sur la qualité de vie. Plusieurs épisodes de diarrhées espacés dans le temps peuvent survenir lors du traitement. L’afatinib est associé à la survenue de diarrhées plus fréquentes et plus sévères. Une vigilance est particulièrement recommandée chez les patients âgés traités notamment par l’afatinib, l’erlotinib ou le gefitinib. Votre médecin peut vous prescrire un traitement antidiarrhéique.
À l’inverse, une constipation peut être provoquée par d’autres médicaments de chimiothérapie conventionnelle et, parmi les thérapies ciblées, en particulier par le crizotinib ou le bevacizumab. La constipation est aussi parfois induite par les médicaments antiémétiques (contre les vomissements), par certains médicaments antidouleur et par le ralentissement de l’activité physique.
Conseils pratiques pour limiter les diarrhées
Privilégier une alimentation pauvre en fibres, à base de riz, pâtes, pommes de terre vapeur, carottes, bananes bien mûres, gelée de coings, fromage à pâte cuite et biscottes. En cas de diarrhée persistante ou associée à de la fièvre et des vomissements, contactez rapidement votre médecin.
Conseils pratiques pour limiter la constipation
Boire au moins 2 litres d’eau par jour.
Privilégier une alimentation riche en fibres, à base de fruits et légumes frais, de compote de pruneaux.
Consommer des céréales et du pain complet.
Si possible, faire de l’exercice de façon adaptée et régulière.
Boire au réveil un verre d’eau ou de jus de fruits, bien froid.
Si la constipation persiste, votre médecin peut vous prescrire un médicament laxatif adapté. Il est recommandé d’éviter de prendre ce type de médicament sans avis médical.
Lésions de la bouche
Certains médicaments de chimiothérapie conventionnelle peuvent entraîner des lésions à l’intérieur de la bouche et le long du tube digestif (aphtes, rougeurs, douleurs). On parle de mucite (inflammation d’une muqueuse) ou encore de stomatite (mucite de la bouche).
Le gefitinib, l’erlotinib, l’afatinib et le bevacizumab peuvent entraîner aussi des lésions dans la bouche. Elles apparaissent tôt pendant le traitement pour le gefitinib, l’erlotinib et l’afatinib. Plusieurs épisodes espacés dans le temps peuvent survenir.
Conseils pratiques pour limiter les lésions de la bouche
À faire
Privilégier les aliments sans acidité, mous voire mixés.
Sucer des glaçons, de la glace pilée, des glaces à l’eau et des sorbets, des bonbons à la menthe. Boire beaucoup (eau minérale, thé, tisanes, boisson à base de cola).
Après les repas, réaliser des bains de bouche sans alcool et à base de bicarbonate de soude, prescrit par le médecin.
Se brosser régulièrement les dents avec une brosse à dents souple et utiliser du bicarbonate de soude.
Se graisser les lèvres en appliquant un lubrifiant (vaseline, beurre de cacao).
À éviter
Consommer des aliments trop épicés ou acides (jus de citron, vinaigrette, moutarde), secs, croquants ou durs.
Consommer des aliments très chauds.
Consommer des aliments qui favorisent l’apparition d’aphtes, comme les noix, le gruyère ou l’ananas.
Utiliser des bains de bouche à base d’alcool ; ils dessèchent la muqueuse de la bouche et risquent de provoquer des sensations de brûlure.
Fumer et boire de l’alcool, surtout dans les semaines qui suivent le traitement.
Dès que vous constatez des aphtes ou des douleurs, prévenez votre médecin afin de recevoir un traitement antidouleur adapté.
Chute des cheveux
Une chute des cheveux (appelée alopécie) peut survenir non seulement avec la chimiothérapie conventionnelle mais aussi avec certaines thérapies ciblées comme l’erlotinib ou le gefitinib. Elle peut être difficile à vivre notamment car elle est un signe concret et visible de la maladie. Elle est parfois précédée de douleurs ou de sensibilité du cuir chevelu. Elle est souvent progressive et en général temporaire. Elle commence le plus souvent deux à trois semaines après la première perfusion de chimiothérapie conventionnelle. Avec certaines thérapies ciblées, elle survient tardivement après trois à quatre mois de traitement et concerne plutôt la zone des tempes et du sommet du crâne (calvitie de type masculine). Les cils, les sourcils et les poils (notamment les poils pubiens) peuvent aussi tomber provisoirement. Avec la chimiothérapie conventionnelle, les cheveux commencent à repousser environ six à huit semaines après la fin du traitement.
Pour en savoir plus sur la chute des cheveux
Fatigue
En dehors de la fatigue causée par la maladie elle-même, par l’appréhension des examens ou encore par les déplacements quotidiens, la fatigue peut être liée à la chimiothérapie conventionnelle et à certaines thérapies ciblées. Elle dépend de votre tolérance à ce traitement, du nombre de cures et des effets indésirables. En effet, une anémie, une perte d’appétit, des nausées et des vomissements, une fièvre ou encore des douleurs peuvent contribuer à cette fatigue. Elle ne doit pas être banalisée. Signalez-la à l’équipe soignante afin qu’elle soit contrôlée le mieux possible. Il est prouvé qu’une activité physique adaptée, régulière et modérée permet de lutter contre la fatigue après les traitements. Parlez-en avec votre équipe soignante.
Pour en savoir plus sur la fatigue
Pour en savoir plus sur l’activité physique
Traitement du cancer et fertilité
Certains médicaments prescrits pour traiter un cancer du poumon peuvent altérer la capacité à concevoir des enfants, surtout chez l’homme mais aussi chez la femme. Si vous envisagez d’avoir des enfants, il est important d’aborder cette question avec votre médecin. Il pourra vous orienter pour préserver au mieux votre fertilité avant de commencer votre traitement médicamenteux.
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le site internet des Centres d’étude et de conservation des œufs et du sperme humains (Cecos), cecos.org, qui propose une liste de questions fréquentes et une information détaillée et pratique sur la préservation de la fertilité.