L’Institut national du cancer publie son rapport d’activité 2021 : une année marquée par le lancement de la Stratégie décennale de lutte contre les cancers
19/07/2022
L’année 2021 est une étape importante dans la lutte contre les cancers avec l’annonce du lancement de la Stratégie décennale le 4 février. Elle marque le début d’un nouveau chapitre de la lutte contre les cancers et un engagement renouvelé de l’ensemble des acteurs. Avec près d’un tiers des actions de la Stratégie déjà engagées, sur les 234 qu’elle comporte, l’année 2021 place l’innovation, au service de tous, au cœur de son action. Parallèlement à ces nouveaux défis, l’Institut national du cancer a poursuivi et amplifié les actions initiées dans le cadre des précédents Plans cancers. Dans son rapport d’activité, l’Institut présente les actions phares menées en 2021. Il propose un format original à double entrée permettant d’identifier les nouvelles actions, liées à la Stratégie, et celles relatives au renforcement et à l’amélioration des dispositifs déjà existants.
Innover, accélérer, déployer : pour faire reculer les cancers et améliorer la qualité de vie des patients pendant et après la maladie
Le premier chapitre du rapport d’activité 2021 est dédié aux actions de la Stratégie décennale de lutte contre les cancers. Innover au service de tous, accélérer les efforts de recherche pour tendre vers l’excellence et déployer rapidement les mesures de la Stratégie décennale, des actions qui ont guidé l’ensemble des parties prenantes.
L’ensemble des champs de la cancérologie a bénéficié des actions engagées en 2021 dans le cadre de la Stratégie décennale de lutte contre les cancers. Ainsi, en termes de recherche et dans un objectif de réduction des séquelles, un appel à projets multithématique et interdisciplinaire a été lancé. Centrés sur 4 domaines, la reconstruction chirurgicale, les soins de support, la qualité de vie et la préservation de la fertilité et sa restauration, 8 projets ont été retenus, chacun impliquant au moins deux équipes de deux disciplines de recherche différentes.
En mai 2021, un appel à projets visant à améliorer la prise en compte du cancer dans le monde du travail a été publié. Sur les 20 projets présentés, 9 ont été retenus. Ils visent principalement une meilleure coordination entre les acteurs du parcours de soin et du monde du travail et à la mise en œuvre de solutions d’accompagnement collectif plutôt qu’individuelles.
Afin de mieux comprendre les mécanismes de développement des cancers de l’enfant, et dans le cadre de l’allocation de 5 millions d’euros supplémentaires dédiés à la recherche fondamentale en cancérologie pédiatrique, deux appels à projets particulièrement novateurs par leur approche ont été lancés. Le premier visant à encourager les recherches interdisciplinaires impliquant des équipes non spécialisées en cancérologie et des équipes spécialisées. Le second, de type “High Risk – High Gain”, a permis de financer 7 projets de recherche fondamentale et translationnelle. Par ailleurs, un nouveau portail Internet a été mis en ligne pediatrie.e-cancer.fr afin de rendre plus accessible l’ensemble des informations liées aux cancers pédiatriques.
En matière de dépistage, de nouveaux dispositifs préparent un accès facilité au kit de dépistage du cancer colorectal dans un objectif d’amélioration de la participation de la population cible. À l’origine du nouveau site de commande en ligne du kit, https://monkit.depistage-colorectal.fr/#/accueil, l’Institut a aussi proposé une mise à jour de l’arrêté encadrant le programme national de dépistage afin d’y intégrer sa diffusion via les pharmaciens. En décembre, l’Institut a publié un appel à projets visant à étudier l’efficacité d’un envoi postal du kit.
De nombreuses actions ont également été développées pour informer le grand public. L’Institut s’est notamment adressé aux populations les plus jeunes afin de les accompagner dans l’adoption des bons réflexes dès le plus jeune âge. Un jeu vidéo “Cancer Fighter” (Vaincre le cancer) est proposé pour parler de la prévention des cancers et des principaux facteurs de risques évitables de cancers. En partenariat avec des supports jeunesse (Petit quotidien et Mon Quotidien), des numéros spéciaux sur les cancers et leur développement, enrichis de vidéos, ont été réalisés.
Un kit a également été diffusé auprès des enseignants. Une brochure de conseils de prévention “Agir pour sa santé”, à destination du grand public, a été éditée ; elle propose des conseils de prévention sur les facteurs de risques évitables de cancers.
Pour renforcer la recherche en prévention primaire, l’Institut national du cancer a publié un appel à candidatures en juillet afin de financer deux réseaux de recherche structurants. Constitué avec l’appui d’un comité de pilotage, composé d’experts de la recherche en prévention primaire, il s’articule autour de 5 thématiques et approches prioritaires. En Janvier 2022, deux réseaux ont été sélectionnés : Cancer Primary Prevention Transdisciplinary Nutrition and Environment Research Network (CANCEPT) et le Réseau de recherche pour le développement de la recherche interventionnelle en santé des populations (SoRISP).
Dans le même champ - prévention primaire - un programme interdisciplinaire sur 3 ans a été lancé. Le premier volet a porté sur l’apport de la biologie. Six projets ont été retenus. Plus de la moitié d’entre eux sont principalement axés sur la prévention primaire et visent à étudier le rôle de certains facteurs de risque, à évaluer le risque de transformation maligne et à trouver des moyens d’identifier et accompagner les personnes les plus exposées pour favoriser une détection rapide des cancers.
Pour faciliter le traitement et le partage des données de santé, axe essentiel dans le développement de la recherche pour les cancers de mauvais pronostics, une association baptisée « Filière intelligence artificielle et cancer » a été créée le 3 août 2021. Fruit d’un partenariat novateur entre l’Institut national du cancer, le Health Data Hub et 8 laboratoires pharmaceutiques, l’association FIAC, investie d’une mission d’intérêt général, a pour principaux objectifs de promouvoir l’utilisation de l’intelligence artificielle dans le traitement des données de santé, d’encourager la production de ces données et d’en favoriser l’accès comme la réutilisation par tous dans le strict respect des règles régissant l’utilisation des données de santé.
Les projets menés dans le cadre de l’association couvriront l’ensemble des champs de la cancérologie. Autorisant un suivi plus précis et plus long des patients, ils permettront notamment de mieux appréhender le pronostic de la maladie et l’efficacité des soins, mais aussi de chercher les moyens de favoriser un retour à une vie normale après la maladie.
Poursuivre et améliorer les actions déjà engagées dans les trois plans cancer et les missions de l’Institut
De nombreuses avancées ont été enregistrées grâce notamment aux 3 précédents Plans cancer. Aussi, les dispositifs mis en place continueront à évoluer dans une logique d’amélioration continue de qualité et d’efficience, sur les champs de la santé et de la recherche, incluant les actions engagées d’appui à la structuration de la recherche et les nombreux programmes de recherche déjà soutenus.
Ainsi, l’appel à projets libres en biologie du cancer (PLBIO) a bénéficié d’une augmentation de son financement de 25 millions d’euros pour les 10 prochaines années, le rendant ainsi plus attractif pour les chercheurs grâce à un taux de sélection plus élevé (21,3 % en 2021 vs 12,5 % en 2020).
Le projet « d’horizon scanning » EMERGINCARE©, lancé par l’Institut en 2019, a été étendu et consolidé en 2021. Il consiste à identifier, dans les essais cliniques en cours, les médicaments cliniquement impactants, susceptibles d’obtenir une autorisation rapide de mise sur le marché, puis à sélectionner, avec l’aide de représentants de sociétés savants et de groupes coopérateurs, une dizaine de molécules à mettre prioritairement, et de façon encadrée, à disposition des patients. En 2021, 142 développements associés à 90 médicaments et 65 mécanismes d’action ont été identifiés et analysés par l’Institut.
Une nouvelle campagne de labellisation d’un réseau national de recherche pré-clinique en radiothérapie (RADIOTRANSNET) appelé à se positionner au plus haut niveau international. Cette labellisation accordée pour 4 ans, permettra la collaboration entre les différents acteurs de la recherche française en radiothérapie, de renforcer les capacités académiques en termes d’innovation, de conception et de conduit de projets précliniques, d’améliorer la visibilité et l’attractivité de la recherche française en radiothérapie et de développer la coopération européenne et internationale dans le domaine.
Créé dans le cadre du programme européen de recherche et d’innovation Horizon 2020, le consortium T2EVOLVE (Accelerating Development and Improving Access to CAR and TCR-engineered T cell therapy) réunit une trentaine de partenaires académiques et de leaders de l’industrie issus d’une dizaine de pays européens. La France y est représentée par l’Institut. Il est notamment impliqué dans le développement de deux projets sur la participation et l’intégration des patients et sur les normes d’analyse. De nombreuses actions ont été lancées en 2021, parmi lesquelles la création d’un groupe de travail incluant des patients ayant reçu une thérapie de type CAR-T et leurs proches-aidants, ainsi que la constitution d’un comité européen d’experts en thérapie cellulaire. Deux enquêtes européennes ont également été préparées portant respectivement sur le vécu des patients et proche-aidants avant, pendant et après administration d’une thérapie cellulaire et les différentes pratiques de contrôles analytiques en Europe. Elles seront lancées en 2022.
Dans le cadre de l’information des patients, par l’intermédiaire de sa plateforme Cancer info en partenariat avec la Ligue contre le cancer, l’Institut a publié 8 nouvelles fiches pratiques sur les examens et les traitements. Destinées à aider les patients à mieux comprendre les examens, consultations spécifiques ou et dispositifs médicaux, elles portent sur : la chambre à cathéter implantable, le cathéter central à insertion périphérique, la consultation d’oncogénétique, les soins palliatifs de fin de vie, la stomie, l’IRM, la TEP-TDM la TEP-TDM (tomographie par émission de positons-tomodensitométrie), la TDM (tomodensitométrie) et la scintigraphie.
En 2021, la pandémie a continué d’affecter toutes les étapes des parcours de soins des patients atteints de cancer. Face à ce contexte exceptionnel, un comité national de pilotage « Covid et cancer » conduit par l’Institut, en lien avec la Direction générale de l’offre de soins et la Direction générale de la santé, a été institué dès le 5 mai 2020 pour coordonner la réorganisation de la filière. Fin 2021, l’Institut a remis une analyse de retours d’expériences. Assortie de plusieurs propositions de mesures, elle doit permettre de capitaliser sur les initiatives adoptées afin de mieux faire face à d’éventuelles nouvelles crises sanitaires.
Œuvrant sans relâche à la réduction des inégalités de santé, l’Institut a lancé en 2021 un appel à projets inédit pour soutenir des initiatives visant à améliorer les parcours de santé des personnes âgées, avec une attention particulière aux personnes de plus de 65 ans sujettes à une fragilité sanitaire, sociale, psychologique ou économique. L’appel à projets avait notamment pour objet de lutter contre les pertes de chance en garantissant un accès égal aux soins, à l’innovation et aux essais cliniques, et de contribuer à ce que les conséquences économiques et sociales de la maladie n’aggravent pas les difficultés des malades. Huit projets ont été retenus sur 22 déposés. Ils portent sur la structuration territoriale du parcours, la coordination des intervenants par des outils numériques, la préparation des patients avant chirurgie, le dépistage et la prise en compte des fragilités tout au long du parcours.
Pour anticiper les pénuries de médicaments, l’Institut et Les Entreprises du médicament, sous l’égide du Conseil scientifique des industries de santé, avaient piloté en 2019 - 2021 une mesure permettant d’identifier 43 médicaments d’intérêt thérapeutique majeur en cancérologie. Une méthode d’analyse de la criticité (risques de pénuries ou de tension) de ces médicaments a été définie. Une étude visant à établir la « preuve de concept » a été lancée en 2021 pour évaluer et tester la robustesse de cette méthode sur 7 des 43 médicaments identifiés. Il s’agit de repérer les points de fragilité pour chaque médicament et ainsi les bons leviers d’actions.
L’année 2021 a été pour l’Institut national du cancer et ses partenaires une année dense avec de nombreuses actions poursuivies ou lancées. Elle a aussi été déterminante pour l’avenir : la signature du nouveau contrat d’objectifs et de performance (COP) scelle en effet l’engagement de l’Institut auprès de l’État pour les cinq années à venir.
Repères budgétaires
2021 a été marquée par une augmentation significative des recettes (119,6 millions d’euros vs 94,8 en 2020) liées au lancement de la Stratégie décennale de lutte contre les cancers et par l’engagement de nouveaux programmes de recherche et d’études pluriannuels.
Sur les 108,5 millions d’euros de dépenses en 2021, 72,6 millions d’euros bénéficient directement aux acteurs de la lutte contre les cancers sous forme de subventions (financement des projets sélectionnés dans le cadre des appels à projets, des structures comme les Cancéropôles, les SIRIC, les CLIP² ou encore les registres des cancers).
Les dépenses liées à l’information des publics (campagnes), aux études médicales et scientifiques, aux évaluations et à l’indemnisation des experts s’élèvent à 22 millions d’euros ; celles relatives aux frais de personnels atteignent 13,5 millions d’euros. Les dépenses d’investissement sont de 0,4 million d’euros.
L’exercice 2021 présente un excédent de 11,1 millions d’euros liés aux programmes de recherche pluriannuels lancés en 2021 et dont le décaissement s’opèrera sur plusieurs années.
Innover, accélérer, déployer – Rapport annuel 2021 de l’Institut national du cancer
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