Un nouveau programme AcSé pour augmenter le nombre de patients ayant accès aux traitements innovants d’intérêt non encore autorisés

19/04/2022

Publics cibles : Tous les publics
Thèmes : Institut national du cancer | Recherche

Le programme de recherche clinique AcSé (Accès Sécurisé aux thérapies innovantes) évolue pour permettre à un plus grand nombre de patients d’accéder à des traitements innovants. Les programmes de recherche s’ouvriront désormais à des essais multi-bras, multi-cibles et multi-médicaments. Quatre premières cohortes ont déjà été identifiées grâce à un travail collaboratif mené avec des experts d’Unicancer et de la Fédération Hospitalière de France Cancer. Ce programme ambitieux ne pourra être développé qu’avec la mobilisation de l’ensemble des acteurs de la recherche et la mise à disposition des molécules innovantes par les industriels de santé.

Si des avancées majeures ont été réalisées dans le traitement des cancers, certains d’entre eux ont un taux de survie à 5 ans inférieur à 33 % et demeurent réfractaires aux thérapeutiques disponibles. La stratégie décennale inscrit la lutte contre ces cancers de mauvais pronostic dans les priorités nationales afin d’améliorer significativement leur taux de survie à l'horizon 2030.

Dans ce cadre, l’Institut propose, en collaboration avec des experts d’Unicancer et la FHF Cancer, un nouveau programme AcSé qui permettra :

  • de répondre aux questions de recherche clinique actuelles posées par les dernières thérapies ciblées autorisées, grâce à un programme multi-bras, multi-cibles et multi-médicaments ;
  • de mettre à la disposition d’un plus grand nombre de malades, dans un cadre optimisé et sécurisé, des traitements innovants jusqu’ici réservés à un nombre limité de malades. 

Ce programme AcSé s’appuiera sur des méthodologies innovantes, par exemple l’utilisation d’objectifs principaux composites, associant des critères cliniques et de qualité de vie. Les cohortes, ciblant une question biologique, pourront être multi-bras et des combinaisons de traitements pourront être envisagées. L’ambition est de développer plusieurs cohortes dès le lancement. Pour y parvenir, des molécules issues de plusieurs laboratoires pharmaceutiques seront nécessaires.

Identification des patients éligibles grâce au screening moléculaire

Depuis les premiers essais AcSé, les programmes de screening moléculaire ont connu un développement très important, avec la généralisation du séquençage de nouvelle génération (NGS), désormais disponible dans les 28 plateformes hospitalières de génétique moléculaire mises en place par l’Institut, ainsi que dans celles du plan France Médecine Génomique 2025.

Ces screenings peuvent aussi, dans des programmes de recherche, être réalisés chez des patients en première ligne de traitement. Ces initiatives permettront d’identifier les patients susceptibles d’être inclus dans ce nouvel essai et de leur donner accès à un traitement correspondant aux anomalies identifiées dont ils sont porteurs, ce qui n’est pas toujours possible actuellement.

La volonté de l’Institut national du cancer est de permettre à davantage de patients d’accéder aux traitements innovants non encore autorisés pour leur indication mais présentant pour eux un intérêt fort. Il s’agit de patients (en échec thérapeutique ou pour certains en première ligne de traitement) dont la tumeur présente une particularité moléculaire et pour laquelle un traitement peut être d’intérêt sans qu’il ait fait l’objet d’une AMM dans cette indication.

Définition de quatre premières cohortes

Quatre premières cohortes intégrant les nouveaux contours du programme AcSé ont été définies par l’Institut, en partenariat avec Unicancer et la FHF Cancer.

  1. Cohorte ciblant les fusions de gènes pour tous les cancers : certains réarrangements géniques peuvent être ciblés par des inhibiteurs spécifiques ayant démontré leur efficacité, par exemple sur les gènes ALK, ROS1, NTRK, NRG2, RET et FGFR. Bien qu’ils soient retrouvés dans de nombreux types de cancers (localisations différentes ou sous-types d’une même localisation), ces inhibiteurs ne sont actuellement autorisés en France que pour un nombre réduit de tumeurs.
  2. Cohorte ciblant les anomalies sensibles aux inhibiteurs de PARP dans les tumeurs solides hors AMM : les mutations des gènes BRCA1 et BRCA2 induisent une sensibilité particulière aux inhibiteurs de PARP, prescrits dans certains cancers de l’ovaire ou du sein, voire des cancers du pancréas ou de la prostate présentant ces altérations. D’autres gènes de la « recombinaison homologue », corrélés à une efficacité particulière des inhibiteurs de PARP, sont retrouvés dans de nombreux types de cancers différents, mais ces molécules ne sont actuellement pas accessibles pour traiter ces tumeurs. Des questions se posent sur l’utilisation des inhibiteurs de PARP combinés à d’autres traitements.
  3. Cohorte ciblant les anomalies du gène ErBb2 pour les cancers solides ou hématologiques : l’ensemble des altérations de la voie HER2 sont retrouvées dans de nombreux types de tumeurs. Le développement récent de nouvelles technologies a conduit à une troisième génération de conjugués anticorps-médicaments (ADC), qui combinent un index thérapeutique plus large avec un profil de toxicité optimal. Parmi ce type d’ADC, certains ont démontré une activité significative dans un large éventail de tumeurs solides présentant une expression élevée ou faible de HER2, ou des mutations de HER2. Ces traitements ne sont pourtant disponibles, actuellement, que pour certaines patientes atteintes d'un cancer du sein avec amplification de l’HER2.
  4. Cohorte ciblant les instabilités micro-satellitaires en dehors des cancers colorectaux et de l’endomètre : les tumeurs à phénotype d’instabilité des microsatellites et deficient Mismatch Repair (MSI/dMMR) sont liées à des altérations de gènes impliqués dans la réparation de l’ADN. Les tumeurs solides de l’adulte, qu’elles soient sporadiques ou familiales (syndrome de Lynch), et suivant la nature de la tumeur primitive, représentent jusqu’à  10 % des cas lorsqu’ils sont à un stade avancé. Il a été notamment démontré l’efficacité des anticorps ciblant PD1 ou PD-L1 chez des patients ayant un cancer colorectal ou de l’endomètre avancé. Actuellement en France, seuls les patients atteints d’un cancer colorectal ont accès à ces médicaments en première ligne.