Alcool
Souvent nié ou méconnu, le caractère cancérigène de l'alcool est pourtant clairement établi.
L'alcool représente la deuxième cause évitable de mortalité par cancer, responsable chaque année de 28 000 nouveaux cas. Il est classé cancérigène pour l’Homme par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) depuis 1988 et responsable de plusieurs cancers.
En 2015, on estime à 41 000 le nombre de décès attribuables à l’alcool, dont 30 000 décès chez les hommes et 11 000 décès chez les femmes (soit respectivement 11 % et 4 % de la mortalité des adultes de 15 ans et plus).
Parmi les causes de décès associées à la consommation d'alcool, les cancers occupent la première place avec 16 000 morts par an. Les pathologies cardiovasculaires arrivent en deuxième position avec près de 10 000 décès par an.
Quelle consommation d’alcool en France ?
La consommation annuelle d'alcool en France était estimée à 10,4 litres d'alcool pur par habitant de plus de 15 ans en 2020, soit environ 2,5 verres de 10 g d'alcool pur par jour et par habitant. Cette consommation reste à un niveau élevé et relativement stable par rapport aux années précédentes.
Si les quantités d’alcool vendues en France ont fortement diminué depuis le début des années 1960, la consommation demeure l'une des plus élevées en Europe et dans le monde. La France se situe ainsi au 4e rang des pays européens les plus consommateurs d'alcool chez les plus de 15 ans.
Près d’un adulte sur deux consomme de l’alcool au moins une fois par semaine et 10 % chaque jour, en particulier parmi les plus de 50 ans.
Les plus jeunes consomment moins régulièrement mais de façon plus excessive et ponctuelle, avec des épisodes d’ivresse ("binge drinking"). En 2017, près de 20 % des 18-24 ans avaient connu des ivresses régulières (au moins 10 au cours des 12 derniers mois), et 35 % des 18-75 ans boivent à eux seuls 91 % de l’alcool consommé.
Même à faible dose, l'alcool augmente le risque de cancers
L’éthanol contenu dans les boissons alcoolisées est transformé dans l’organisme en composés favorisant le développement de cancers.
L'effet de la consommation de boissons alcoolisées dépend principalement de la quantité d'alcool apportée et non du type de boisson (vin, bière, apéritifs). Le risque de cancer augmente avec la dose totale d’alcool consommée.
Ce risque est largement sous estimé dans la population française : seuls 58,4 % des Français considèrent qu’une consommation modérée d’alcool augmente le risque de développer un cancer.
L'alcool augmente le risque de développer plusieurs cancers :
- les cancers du sein (plus de 8 000 cas par an) ;
- les cancers du côlon et du rectum (plus de 6 600 cas par an) ;
- les cancers de la bouche et du pharynx (plus de 5 600 cas) ;
- le cancer du foie (plus de 4 300 cas) ;
- le cancer de l’œsophage (plus de 1 800 cas) ;
- le cancer de l'estomac.
Pour le cancer du sein, le risque augmente dès une consommation de moins d’un verre par jour ; pour celui du foie, le risque apparaît à partir d’une consommation supérieure à 4 verres par jour.
Quel que soit le type d'alcool consommé, les verres standards (doses généralement servies dans les bars) contiennent la même quantité d'alcool pur : un verre de vin aura le même effet cancérigène qu'un verre d'alcool fort (cf. schéma ci-dessous).
Un verre standard contient 10 grammes d’alcool pur.
Alcool et tabac : un risque démultiplié
Les effets de l'alcool sont renforcés quand ils sont associés à ceux du tabac : leurs actions conjointes augmentent considérablement les risques de cancers de la bouche, du pharynx, du larynx et de l’œsophage (voies aérodigestives supérieures).
On estime par exemple que le risque de développer un cancer de la cavité buccale (bouche) peut être multiplié par 45 chez les grands consommateurs de tabac et d'alcool.
Regardez la vidéo "Pourquoi et comment l'alcool augmente-t-il les risques de cancers ?"
> Faites le point sur alcool et cancers
Conseils pour prévenir les cancers liés à l'alcool
En prenant en compte un ratio « risque /plaisir », il est recommandé aux personnes choisissant de consommer de l’alcool de ne pas dépasser 10 verres par semaine, ce qui peut se traduire par : « Pour votre santé, maximum deux verres par jour, et pas tous les jours ». Il s’agit de repères offrant un risque moindre et non de repères en-dessous desquels le risque de cancer est nul.
Si vous vous posez des questions sur votre consommation d’alcool, il existe un outil en ligne : l’alcoomètre. Il vous permettra d’évaluer votre consommation hebdomadaire d’alcool au regard des nouveaux repères et d’estimer les risques liés à cette consommation.
Si vous estimez avoir besoin d'une aide pour limiter ou arrêter votre consommation d'alcool, vous pouvez en parler avec votre médecin traitant ou vous rendre dans un centre de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA), qui peut vous proposer gratuitement un soutien ou un suivi individuel.
Vous pouvez également bénéficier d'une écoute et d'un soutien sur Internet via Alcool Info Service, ou joindre ce service par téléphone au 0980 980 930 (de 8h à 2h, coût d'un appel local).
Vous pouvez aussi assister à des réunions des Alcooliques Anonymes (AA) : vous trouverez des renseignements sur leur site ou par téléphone au 09 69 39 40 20 (24h/24, coût d'un appel local).