Dénutrition chez les patients atteints de cancer : un risque avéré sur le pronostic de la maladie
13/11/2020
À l’occasion de la première semaine nationale de la dénutrition [1], qui se poursuit jusqu'au 19 novembre dans le cadre du Plan National Nutrition Santé 2019 (PNNS), l’Institut national du cancer rappelle l’importance de l’évaluation et de la surveillance de l’état nutritionnel des patients pendant le parcours de soins et après les traitements anticancéreux. Selon la Société Francophone Nutrition Clinique & Métabolisme, près de 40 % des patients atteints de cancer souffrent de dénutrition.
Dans le rapport « Impact des facteurs nutritionnels pendant et après cancer » [2], qu’il a publié en septembre dernier, l’Institut national du cancer fait notamment le point sur l’influence de cette dénutrition [3] en fonction de la localisation tumorale et émet des recommandations pour compléter l’information des professionnels de santé et des patients.
La dénutrition : un impact délétère sur le pronostic du patient
La dénutrition est un état pathologique résultant d'apports nutritionnels insuffisants en regard des dépenses énergétiques de l'organisme. Une personne est considérée comme dénutrie dès lors qu’une perte de poids de plus de 5 % en 1 mois est observée (par rapport à son poids habituel) ou plus de 10 % en 6 mois. Aussi, la diminution des apports alimentaires ou encore du poids sont des signes à prendre en compte. La surveillance hebdomadaire du poids est recommandée. L’accompagnement par un professionnel de santé (diététicien ou médecin nutritionniste) est essentiel pour accompagner le patient dans le retour à une alimentation adaptée et limiter la perte de poids.
Dans le cadre des traitements, l’état nutritionnel du patient peut engendrer des complications et une hospitalisation prolongée ; il peut également augmenter le risque d’effets indésirables liés à la chimiothérapie ou à la radiothérapie.
Par ailleurs, si les risques de complications liées à cette dénutrition sont trop importants, l’équipe médicale peut être contrainte d’interrompre, de reporter ou de renoncer à la dispensation du traitement.
Enfin, en l’absence de prise en compte, la dénutrition peut être source de répercussions graves à moyen ou long termes avec un retentissement sur la qualité de vie du patient (fonte musculaire, risque de chute, fatigue importante) ou générer des difficultés dans la guérison du cancer.
Aussi, le repérage et le suivi des patients par les professionnels de santé, mais aussi l’information des patients sur les signes de la dénutrition sont essentiels.
Des recommandations actualisées pour les professionnels et les patients en matière de nutrition
Pour orienter et accompagner les professionnels de santé dans leur pratique, l’Institut a publié un rapport accompagné de sa synthèse, d’une fiche présentant les recommandations nutritionnelles et un tableau sur les niveaux de preuve de l’impact des facteurs nutritionnels pendant et après cancer. Basés sur une expertise collective, ces documents complètent les précédentes publications relatives à la prévention tertiaire sur les bénéfices de l’activité physique (2017) et de l’arrêt du tabac (2015).
Les recommandations portent notamment sur le contrôle du poids, une alimentation adaptée, une limitation de la consommation de boissons alcoolisées. Elles alertent par ailleurs sur la pratique du jeûne thérapeutique ou de régimes restrictifs, qui a comme conséquences d’aggraver la dénutrition, et mettent en garde sur le recours, sans avis médical, à des compléments alimentaires. En effet, ces derniers peuvent engendrer des interactions avec les traitements conventionnels et en diminuer les effets. Les patients ne doivent pas hésiter à échanger avec leur équipe médicale qui les conseillera et les informera sur les comportements à adopter.
Une rubrique dédiée sur son site e-cancer.fr « Soyez attentif à votre état nutritionnel » fait le point sur les conseils à adopter pendant et après le traitement d’un cancer. Ces conseils sont également présents dans les guides Cancer Info.
Favoriser la prévention tertiaire pendant et après les traitements : une dynamique bénéfique pour les patients
L’accompagnement d’un patient atteint de cancer ne vise pas seulement à traiter la maladie mais à prendre en compte plus largement ses habitudes et vie et de consommation qui peuvent avoir un impact délétère ou bénéfique sur son état de santé et sur l’optimisation des traitements. Sevrage tabagique, comportements nutritionnels adaptés (poids, alimentation, activité physique) et réduction de la consommation d’alcool ont une influence positive sur le pronostic de la maladie, la qualité de vie, les comorbidités ou encore le risque de récidive. Informer les patients sur les comportements à adopter et les accompagner pendant et après les traitements font partie intégrante du parcours de soin.
POUR ALLER PLUS LOIN
- accéder à la rubrique dédiée aux patients sur la nutrition sur e-cancer.fr ;
- accéder au rapport de l’Institut national du cancer réalisé avec le réseau Nacre « Impact des facteurs nutritionnels pendant et après un cancer », à sa synthèse et à une fiche présentant les recommandations nutritionnelles du rapport.
Contact presse
Institut national du cancer - Responsable des relations media
Lydia Dauzet – 01 41 10 14 44 presseinca@institutcancer.fr
[1]
La semaine nationale de la dénutrition 2020 est un partenariat entre le collectif de lutte contre la dénutrition, le
Programme national nutrition santé, la Mutualité Française et le Ministère des Solidarités et de la Santé.
[2]
Ce rapport, publié par l’Institut national du cancer en septembre 2020, est le fruit d’une expertise collective réalisée avec les experts du réseau NACRe (Réseau National Alimentation Cancer Recherche).
[3]
Le rapport aborde également l’influence de la surcharge pondérale, de la consommation d’alcool, d’aliments spécifiques ou de compléments alimentaires en particulier pendant et après un cancer.