Lancement du programme de recherche du consortium pluridisciplinaire sur le lien entre l’exposition à la chlordécone aux Antilles et le risque de survenue du cancer de la prostate

29/10/2021

Type : Communiqué de presse
Themes : Recherche et innovations

Le 9 novembre 2021, l’Institut national du cancer organise le séminaire de lancement du programme de recherche pluridisciplinaire sur l’exposition à la chlordécone et le risque de survenue de cancer de la prostate dans le contexte des Antilles. Ce séminaire virtuel, ouvert à tous, permettra aux cinq chercheurs composant le consortium pluridisciplinaire de présenter leur programme de recherche pour les cinq prochaines années. Tout l’enjeu des travaux qui seront réalisés est d’apporter des réponses robustes à l’ensemble de nos concitoyens et plus particulièrement aux populations antillaises.

Favoriser la recherche pluridisciplinaire pour répondre à la question du lien entre l’exposition à la chlordécone et le risque de survenue du cancer de la prostate aux Antilles

Constitués au sein d’un consortium pluridisciplinaire, cinq chercheurs présenteront le 9 novembre prochain (14h30/18h) lors du séminaire virtuel, les quatre axes de leur programme de travail, leurs objectifs et les méthodes qu’ils déploieront pour répondre aux recommandations et à la question établies par le comité scientifique international et le comité d’appui.
Cette recherche vise à mieux comprendre le cancer de la prostate dans le contexte de la Caraïbe française en proposant une approche pluridisciplinaire innovante.

Ce séminaire, ouvert à tous publics, marque le lancement officiel de ces travaux de recherche. D’une durée de cinq ans, ils seront financés à hauteur de 3,450 millions d’euros.

La singularité et la force de ce consortium résident dans la diversité des champs de recherche couverts par ses membres. En effet, pour optimiser la production de connaissances sur cette problématique, les domaines de l’épidémiologie, des sciences humaines et sociales et de la clinique sont mobilisés.

S’inscrire au séminaire

Apporter des réponses robustes aux populations antillaises : le défi de ce programme de recherche

Le consortium a soumis au comité scientifique international un programme intégrant quatre groupes de travail. Ils seront chacun présentés, par leurs responsables respectifs, lors du séminaire du 9 novembre.

L’objectif général du programme soumis par le consortium est « d’aller plus loin dans la compréhension du rôle de la chlordécone dans le risque de survenue du cancer de la prostate ainsi que sa perception et ses conséquences sociales dans les Antilles ».

Ainsi, leurs travaux ont pour objectifs de répondre aux questions suivantes :

  • Quelle est l’évolution de la fréquence, de la mortalité et de la survie du cancer de la prostate en Guadeloupe et Martinique, avec un intérêt particulier pour les formes graves ?
  • Les caractéristiques cliniques du cancer de la prostate en termes d’incidence, de mortalité et de survie sont-elles différentes en Guadeloupe et Martinique en comparaison avec la France hexagonale ?
  • Quelle est la relation entre l’exposition à la chlordécone et le risque de cancer de la prostate, en particulier les formes graves, en tenant compte des facteurs de risque connus ou suspectés ?
  • Quelle est l’accumulation de la chlordécone dans les tissus gras et prostatiques ?
  • Quels sont les effets de l’exposition à la chlordécone sur les marqueurs d’agressivité du cancer de la prostate dans des modèles de cellules et de tissus cancéreux ?
  • Quelle est la perception de la contamination par la chlordécone au niveau individuel et collectif ?
  • Comment les patients réagissent-ils, individuellement et collectivement, à la possibilité que leur maladie puisse être liée à une contamination environnementale ?

Pour y parvenir, le programme de recherche s’appuiera sur quatre groupes de travail.

Le premier groupe de travail, sous la responsabilité de Clarisse Joachim (directrice du registre des cancers de Martinique), portera sur l’étude des données pré-existantes (2010-2019) à partir :

  • d’une part des registres des cancers de Guadeloupe, de Martinique et de France métropolitaine ;
  • et d’autre part de la cartographie de l'évaluation de l'exposition. Les données concernant la fréquence, l'agressivité et la mortalité du cancer de la prostate seront corrélées avec la géolocalisation des cas de cancer et la cartographie des sols contaminés.

Le deuxième groupe de travail, sous la responsabilité de Florence Ménégaux (chercheure à l’Inserm) mettra en place une nouvelle étude épidémiologique de type cas-témoins réalisée en Martinique. Les données comprendront un questionnaire détaillé, des mesures du poids et des prélèvements sanguins pour mesurer les taux de chlordécone, d'autres pesticides, et les marqueurs génétiques associés au risque de cancer de la prostate.

Le troisième groupe de travail, sous la responsabilité conjointe de Malcom Ferdinand et Sara Aguiton (chercheurs au CNRS) évaluera, en Martinique et en Guadeloupe, l’expérience individuelle et collective de la contamination par les pesticides, dont la chlordécone, à l'aide d'entretiens et d'un questionnaire en ligne. Afin d'évaluer l’expérience des patients dans un environnement contaminé, des entretiens seront également réalisés chez des patients atteints du cancer de la prostate et d’autres maladies potentiellement associées à une contamination par la chlordécone.

Le quatrième groupe de travail, sous la responsabilité de Gaëlle Fromont (PU-PH à l’Inserm et professeur à l’Université de Tours), évaluera la distribution de la chlordécone dans le sang, le tissu gras et le tissu de la prostate. Les effets de l'exposition à la chlordécone sur les marqueurs d’agressivité du cancer de la prostate seront évalués en utilisant des cultures de cellules cancéreuses prostatiques d'origine caucasienne et africaine, et des cultures de fragments de cancer.

Tous les ans, l’Institut national du cancer réunira les membres du consortium, du comité scientifique et du comité d’appui afin de suivre l’avancement du programme de recherche. Chaque comité apporte son expertise pendant toute la durée du programme de recherche :

  • le comité scientifique international, constitué d’experts pluridisciplinaires, apporte un soutien scientifique tout au long du processus de recherche ;
  • le comité d’appui, composé des organismes ou agences publique et groupes de réflexion concernés par l’objet de recherche, suit l’exécution du programme scientifique. Il peut également orienter la mise en œuvre et apporter un soutien aux équipes de terrain.

Tout l’enjeu de ces travaux de recherche est de pouvoir apporter des réponses à l’ensemble de nos concitoyens et plus spécifiquement aux populations antillaises sur l’exposition à la chlordécone et le risque de survenue du cancer de la prostate. L’Institut national du cancer et les comités constitués poursuivront cet objectif dans les échanges avec les membres du consortium.


Contact presse

Institut national du cancer
Responsable des relations media – Lydia Dauzet
presseinca@institutcancer.fr 
01 41 10 14 44 // 06 20 72 11 25