Chimiothérapie : les effets sur le sang (globules blancs, globules rouges et plaquettes)

La chimiothérapie agit au niveau de la moelle osseuse où sont fabriqués les globules rouges, les globules blancs et les plaquettes. Ces éléments diminuent alors dans le sang. Des prises de sang régulières permettent de les surveiller.

Une diminution temporaire de certains globules blancs, ou neutropénie

Les globules blancs protègent l’organisme contre les infections. La quantité de certains d’entre eux, appelés polynucléaires neutrophiles, diminue presque toujours après une chimiothérapie. On parle alors de neutropénie.

À quel moment peut-on connaître une neutropénie ?

Une neutropénie survient habituellement la deuxième semaine qui suit le traitement. Le nombre de globules blancs remonte spontanément le plus souvent en moins de 3 semaines. Cette remontée est indépendante de l’alimentation et des conditions de vie.

Si la quantité de globules blancs n’est pas remontée avant la séance de chimiothérapie suivante, le médecin est parfois amené à décider de la retarder ou d’en modifier les doses.

Comment lutter contre la baisse des globules blancs ?

Dans certains cas, pour corriger la baisse des globules blancs ou pour empêcher qu’elle ne soit trop importante et limiter un risque d’infection, le médecin prescrit des facteurs de croissance. Ces substances sont produites normalement dans la moelle osseuse.

En cours de chimiothérapie, des quantités plus importantes de ces substances sont parfois nécessaires afin de stimuler la moelle osseuse et augmenter la quantité de globules blancs fabriqués. Ces facteurs de croissance sont alors administrés dès le lendemain de la chimiothérapie, pendant une durée variable (1 à 7 jours). Une infirmière vient au domicile du patient lui injecter ces médicaments sous la peau.

Des effets indésirables liés aux facteurs de croissance ?

Ces facteurs de croissance sont parfois responsables d’effets indésirables tels qu’une légère fièvre ou des douleurs musculaires qui ressemblent à des courbatures comme lors d’une grippe. Des douleurs osseuses peuvent également apparaître. L’endroit où est faite la piqûre est parfois douloureux.

Si ces symptômes apparaissent, le médecin propose au patient des médicaments contre la douleur (comme du paracétamol) à chaque injection. L’utilisation des facteurs de croissance est limitée à certains protocoles de chimiothérapie.

Des conseils pour éviter les infections facilitées par une neutropénie

Lorsque le traitement de chimiothérapie entraîne une chute des globules blancs, la capacité de l’organisme à se défendre contre les infections est diminuée.

C’est pourquoi il est important d’essayer d’éviter les infections. Pour ce faire, lorsque la quantité de globules blancs chute, il est recommandé de limiter :

  • le contact avec des personnes enrhumées, grippées ou qui ont des maladies infectieuses (varicelle, herpès, etc.) ;
  • les transports en commun ;
  • les travaux qui soulèvent de la poussière ;
  • d’aller à la piscine ;
  • de participer à des bains de foule ;
  • des aliments tels que les crustacés, le lait cru et les fromages au lait cru, les œufs durs, la charcuterie à la coupe, les pâtisseries à la crème du commerce, la consommation de légumes ou de fruits crus. Seuls les fruits et légumes crus qui s’épluchent et qui sont préparés au dernier moment sont recommandés ;
  • de manipuler des fleurs coupées ;
  • de toucher les animaux domestiques et leurs excréments.

Généralement, une neutropénie est compatible avec une vie normale. Il ne faut pas éviter de sortir, de rencontrer d’autres personnes (sauf si le médecin l’a précisé).

De plus, une neutropénie est le plus souvent sans conséquence dans la mesure où elle est de courte durée.

Il est conseillé de :

  • bien se couvrir pour sortir ;
  • cuire suffisamment les viandes et les poissons ;
  • prendre une douche ou un bain tous les jours ;
  • se laver les mains plusieurs fois par jour, surtout après être allé aux toilettes et avant les repas ;
  • maintenir une bonne hygiène de la bouche ;
  • porter des gants de protection pour le ménage et le jardinage ;
  • faire attention en se coupant les ongles ;
  • privilégier l’usage du rasoir électrique ;
  • laver abondamment une éventuelle plaie avec de l’eau et du savon avant de la désinfecter et de mettre un pansement.

Quels sont les symptômes les plus courants des infections ?

Si toutefois une infection apparaît, elle se manifeste le plus souvent à travers les différents symptômes suivants :

  • une fièvre égale ou supérieure à 38°C depuis 24 heures, une fièvre de 38,5°C ou plus, ou une température inférieure à 36,5°C ;
  • des frissons ;
  • une rougeur, un écoulement ou une douleur au niveau du cathéter ;
  • une rougeur, une douleur ou un œdème (c’est-à-dire un gonflement des tissus causé par l’accumulation anormale de liquide) au bras ou à la jambe ;
  • des sueurs, surtout la nuit ;
  • des ulcérations de la bouche avec des plaques blanchâtres ;
  • une toux, un essoufflement, une douleur à la poitrine ;
  • des douleurs ou brûlures urinaires ;
  • une diarrhée persistante.

Que faire en cas de symptômes d’infection ?

Si l’un de ces symptômes survient, il est important de le signaler immédiatement au médecin.

Si une aplasie (c’est-à-dire une forte diminution des globules blancs, accompagnée d’une baisse des globules rouges et du taux de plaquettes) apparaît en plus d’une fièvre, il est indispensable de consulter son médecin. Un traitement par antibiotiques est alors administré pour éviter les infections. Dans ce cas, une hospitalisation est souvent nécessaire pour mieux surveiller le patient.

La diminution des globules rouges ou anémie

Les globules rouges (appelés aussi hématies) sont nécessaires pour transporter l’oxygène dans l’organisme. La quantité de globules rouges diminue parfois de façon modérée avec un traitement par chimiothérapie. Cette baisse s’appelle une anémie.

Comment repérer une anémie ?

Le nombre de globules rouges diminue toujours en fin de chimiothérapie et parfois, bien après le traitement.

Une anémie provoque une pâleur de la peau et des muqueuses, des difficultés à respirer, surtout lors d’un effort, une fatigue ou des vertiges.

Comment lutter contre les anémies ?

En cas de forte anémie, il est parfois nécessaire de faire une transfusion de globules rouges.

Le médecin est parfois également amené à prescrire des médicaments stimulant la production de globules rouges (appelés agents stimulants l’érythropoièse, abrégés en ASE) comme l’érythropoïétine (abrégé en EPO). Ce produit est susceptible d’entraîner des maux de tête et nécessite parfois de surveiller la tension artérielle du patient.

La diminution des plaquettes ou thrombopénie

Ce sont les plaquettes qui donnent au sang sa capacité à coaguler, c’est-à-dire qu’elles lui permettent de former un caillot lors d’une blessure et d’arrêter de couler.

La quantité de plaquettes peut diminuer pendant une chimiothérapie ou à distance du traitement. Cette baisse s’appelle une thrombopénie.

Une thrombopénie peut entraîner un risque d’hémorragie lors de coupures accidentelles, ainsi qu’une fatigue.

Chez les femmes, certains médicaments de chimiothérapie entraînent parfois l’arrêt du cycle menstruel. Cependant, lorsqu’il y a une thrombopénie, de « fausses règles », parfois abondantes, surviennent également quelquefois.

Lorsque la thrombopénie est modérée, le médecin se contente de surveiller le nombre de plaquettes.

Dans de rares cas, la thrombopénie est plus importante. Une transfusion de plaquettes est alors parfois nécessaire.

Les signes à surveiller

Il est important de surveiller et signaler au médecin les symptômes suivants :

  • des saignements de nez ;
  • des saignements anormaux des gencives lors du brossage des dents ;
  • une apparition inhabituelle de bleus ou de petites taches rouges ou mauves sur la peau (purpura, hématomes, etc.) ;
  • plus rarement, des selles noires et d’odeur fétide, la présence de sang dans les urines ou dans les selles, des vomissements.

Limiter le risque de coupures et d’hémorragie

Il est possible de prévenir les risques de coupures accidentelles en suivant quelques précautions :

  • utiliser un rasoir électrique et une brosse à dents souple. Lorsque la thrombopénie est importante, le médecin déconseille toutefois d’utiliser une brosse à dents qui risque d’entraîner des saignements ; il conseille plutôt d’employer un coton tige ;
  • éviter impérativement l’aspirine ou les produits qui en contiennent ;
  • signaler tout traitement anticoagulant pris par ailleurs ;
  • éviter de prendre sa température par l’anus.

La diminution simultanée des globules blancs, des globules rouges et des plaquettes

Si la quantité de globules blancs, globules rouges ou plaquettes chute en même temps de façon trop importante, on parle d’aplasie.

Tous les traitements de chimiothérapie n’entraînent pas d’aplasie. Cela dépend des doses et du type de médicament administré. Une aplasie apparaît le plus souvent 10 à 12 jours après le traitement.