Dépistage du cancer du poumon : lancement d’un projet pilote par l’Institut

19/04/2022

Publics cibles : Tous les publics
Thèmes : Santé publique

L’Institut national du cancer va initier un projet pilote de dépistage des cancers bronchopulmonaires, ainsi que des études complémentaires afin d’envisager l’éventuel déploiement d’un programme à l’échelle nationale. Cette mise en œuvre s’appuie sur les nouvelles recommandations de la Haute Autorité de santé concernant ce dépistage. 

Souvent diagnostiqué à un stade tardif, le cancer du poumon est la tumeur maligne la plus meurtrière en France, causant chaque année plus de 33 000 décès. Au contraire des cancers colorectaux, du sein et du col de l’utérus, il ne fait, jusqu’à présent, pas l’objet d’un programme de dépistage organisé.

Vers un dépistage du cancer du poumon par scanner faible dose ?

A la lumière de nouvelles données scientifiques, la Haute Autorité de santé encourage, dans son rapport d’orientation du 1er février 2022, la mise en place d’un projet pilote en vie réelle et la rédaction d’études complémentaires pour documenter et définir les modalités de dépistage les plus adaptées au contexte français.

Ce projet pilote sera défini par l’Institut national du cancer. Cette démarche s’inscrit pleinement dans les objectifs de la Stratégie décennale de lutte contre les cancers (2021-2030), lancée par le président de la République le 4 février 2021. Le déploiement d’un programme de dépistage organisé du cancer du poumon, dès lors que les éléments démontreront son efficience et une balance bénéfice/risque favorable, fait en effet partie des actions phares de cette Stratégie.

La technique de dépistage reposera sur un examen d’imagerie : un scanner thoracique faible dose sans injection, aussi appelé tomodensitométrie faible dose. L’analyse des nouvelles données montre une réduction de la mortalité liée à ce cancer chez les grands fumeurs et ex-grands fumeurs grâce au dépistage par scanner thoracique faible dose. Les nouvelles études ont montré que le dépistage permettait de diminuer la détection de cancers à des stades avancés.

Avant d’initier le projet pilote, certains critères devront être définis comme :

  • les critères d’éligibilité de la population cible (personnes à risque élevé de cancer du poumon),
  • les modalités du dépistage (durée, fréquence, suivi des personnes, modalités du sevrage tabagique),
  • un plan d’assurance qualité du programme (interprétation des examens, réduction des pertes de chances, collecte et centralisation des données, procédures diagnostiques, prise en soin, formation des radiologues…),
  • l’information à transmettre aux personnes éligibles, etc,
  • l'intégration dans la démarche d'une aide au sevrage.

Les modalités du contrôle qualité des installations des scanners faible dose devront par ailleurs être définies au préalable par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).

S’inscrivant comme une action de santé publique, le projet pilote fait également l’objet d’un cadrage juridique, éthique et déontologique actuellement en cours de réalisation par l’Institut.

Des études complémentaires pour confirmer l’efficacité en pratique courante et améliorer la sûreté de ce dépistage

L’Institut a également pour mission de soutenir la mise en place d’études complémentaires et de modélisations : elles permettront de statuer sur la possibilité de déployer un programme de dépistage organisé de façon efficace et sûre à l’échelle nationale. Pour être menées, celles-ci pourront être initiées au travers d’appels à candidature ou d’appels d’offre, selon les cas.

Ces études complémentaires devront notamment porter sur les risques liés au surdiagnostic et aux faux positifs, sur le risque de cancers radio-induits par la répétition des examens de dépistage, l’apport de l’intelligence artificielle en matière de performance du dépistage, la réduction des inégalités d’accès au dépistage, ou encore sur l’impact organisationnel et économique d’un dépistage systématique des cancers du poumon. En résumé, le projet pilote, conduit en vie réelle, et les études complémentaires devraient permettre :

  • d’affiner les critères d’éligibilité (et d’exclusion), les modalités de repérage, de recrutement et d’inclusion des personnes, les modalités de sevrage tabagique, l’information des personnes, le plan d’assurance qualité ;
  • d’objectiver la performance du scanner thoracique faible dose et du programme en situation réelle de dépistage ;
  • de documenter et d’évaluer le taux de faux-positifs et le taux d’examens complémentaires et de complications associées ;
  • de mesurer l’adhésion de la population cible au programme de dépistage et en analyser les déterminants ;
  • d’évaluer l’efficience des différentes modalités de dépistage étudiées ;
  • de documenter et d’évaluer les risques de perte de chance et d’inégalités d’accès au dépistage notamment des populations dites vulnérables ou des personnes éloignées du système de santé.

Ces éléments, associés aux résultats des études complémentaires, permettront alors d’évaluer la pertinence de déployer à l’échelle nationale un programme organisé de dépistage des cancers broncho-pulmonaires.

Le cancer du poumon en chiffres

Troisième cancer le plus fréquent en France avec 46 300 nouveaux cas en 2018, cette tumeur maligne a vu son taux d’incidence augmenter chez les femmes de 5 % entre 2010 et 2018.

Il est aujourd’hui la première cause de décès par cancer et la première toutes causes confondues chez l’homme de 45 à 64 ans.

Le taux de survie nette à 5 ans pour les personnes diagnostiquées, tous stades confondus, de cette pathologie est de 20 %, la classant parmi les cancers de mauvais pronostic. Et pour cause, cette tumeur est souvent diagnostiquée à un stade avancé (au stade IV avec extension métastatique dans 40 à 55 % des cas). La survie à 5 ans n’est alors que de 4 %.

Parmi les principales causes, on compte le tabac, responsable de 8 cancers du poumon sur dix.

Pour aller plus loin :