Cancers du côlon : quels traitements ?
Plusieurs types de traitements sont utilisés pour traiter les cancers du côlon. Le choix de ceux qui vous sont proposés est effectué par plusieurs médecins lors de la réunion de concertation pluridisciplinaire.
Dans ce dossier web sont indiqués uniquement les traitements administrés en première intention, c’est-à-dire après le diagnostic initial.
La chirurgie et les traitements médicamenteux (chimiothérapies conventionnelles et/ou thérapies ciblées) sont les principaux traitements des cancers du côlon. Ils peuvent être utilisés seuls ou associés les uns aux autres.
Selon les cas, ils ont pour objectifs de :
- supprimer la tumeur ou les métastases, ou en réduire la taille ;
- ralentir le développement de la tumeur ou des métastases ;
- réduire le risque de récidive ;
- prévenir et traiter les symptômes et les complications engendrés par la maladie et les traitements pour assurer la meilleure qualité de vie possible.
À noter : la chirurgie et les traitements médicamenteux sont réalisés au sein d’établissements qui sont autorisés à les pratiquer. Ces établissements respectent des critères qui garantissent la qualité et la sécurité de ces traitements. La liste des établissements autorisés par région est disponible sur notre site.
Comment est établi le choix des traitements ?
Votre traitement est adapté à votre cas personnel (votre âge, vos antécédents médicaux et chirurgicaux, les contre-indications éventuelles à certains traitements) et dépend des caractéristiques du cancer dont vous êtes atteint :
- l’endroit où il est situé sur le côlon ;
- son type histologique, c’est-à-dire le type de cellules impliquées ;
- son grade, c’est-à-dire son degré d’agressivité ;
- son stade, qui correspond à son degré d’extension (taille de la tumeur, atteinte ou non des ganglions lymphatiques par des cellules cancéreuses, présence ou non de métastases dans d’autres parties du corps) ;
- la présence ou non d’une deuxième tumeur dans une autre partie du côlon (polype ou cancer).
L’arrêt du tabac et de l’alcool
L’arrêt du tabac et de l’alcool est primordial, notamment pour limiter le risque de complications pendant et après les traitements. Poursuivre la consommation de ces substances a également un impact sur le risque de second cancer et la survie.
Il existe de nombreux recours pour vous aider : parlez-en avec l’équipe qui vous suit.
Pour aller plus loin, vous pouvez consulter le dépliant Traitement du cancer et tabac, disponible ci-dessous au téléchargement.
Traitement du cancer et tabac - Pourquoi arrêter et comment me faire aider ?
Pour en savoir plus, vous pouvez également consulter notre page sur L'arrêt du tabac.
Des examens pour proposer un traitement adapté
Les caractéristiques de votre cancer sont déterminées grâce au bilan diagnostique, qui comprend notamment des examens d’imagerie (par exemple scanner).
Un bilan préthérapeutique est également systématiquement effectué pour orienter le choix de vos traitements.
Quels sont les examens du bilan préthérapeutique ?
L’évaluation cardiovasculaire
Cet examen est non systématique.
Cet examen clinique est effectué par un cardiologue, associé ou non à une échographie cardiaque.
Objectif : déterminer les risques cardiaques d’une anesthésie et d’une intervention chirurgicale prolongée.
L’évaluation clinique et nutritionnelle initiale
Cet examen est systématique.
Un bon équilibre nutritionnel est indispensable avant le début du traitement car il conditionne le pronostic. Cette évaluation permet d’identifier un état de dénutrition et d’y remédier par des mesures adaptées.
- Mesure du poids et de la taille pour le calcul de l’IMC (Indice de Masse Corporelle qui se calcule en divisant le poids d’une personne par sa taille au carré (poids en kg/taille en m x taille en m)).
- Recherche d’une perte de poids par rapport au poids habituel.
- Dosage dans le sang des taux d’albumine, de préalbumine et de CRP.
Le taux de la protéine C réactive (CRP) dans le sang augmente en présence d’une inflammation.
L’évaluation gériatrique
Cet examen est systématique pour les personnes de plus de 75 ans.
Tests G8, VES 13, FOG, etc. : il s’agit de tests visant à dépister la fragilité du patient.
On observe pour cela :
- l’autonomie motrice ;
- l’auto-évaluation de l'état de santé ;
- le nombre de médicaments pris au long cours, leurs indications et les risques d’interactions ;
- l’évaluation nutritionnelle ;
- l’état des fonctions cognitives ;
- l’état psychologique.
Cette évaluation en cancérologie permet d’adapter les traitements anticancéreux et de prendre en compte les spécificités des personnes âgées.
Lorsqu’un traitement médicamenteux est nécessaire, des examens supplémentaires sont effectués pour orienter le choix des médicaments à utiliser à la recherche de la présence :
- d’une altération moléculaire dans votre tumeur. Il s’agit d’une anomalie survenue au niveau d’un gène : par exemple, la mutation des gènes RAS, qui concerne près de la moitié des personnes atteintes d’un cancer colorectal. Dans le cas d’un cancer métastatique, cette information est déterminante dans le choix des traitements médicamenteux ;
- d’une défaillance du système MMR (MisMatch Repair), responsable d’une augmentation des erreurs lors de la réplication de l’ADN avant la division cellulaire. Cette défaillance est révélée par ce qu’on appelle une instabilité microsatellitaire (MSI pour MicroSatellite Instability). Lorsque la tumeur présente une instabilité microsatellitaire, on dit qu’elle est MSI-H (H pour high en anglais). La présence d’une instabilité microsatellitaire oriente le choix du traitement et constitue un facteur pronostique favorable en cas de tumeur non métastatique. La présence de cette instabilité microsatellitaire pourrait également orienter le choix des traitements médicamenteux : au moment de la rédaction de ce dossier, des essais cliniques spécifiques d’immunothérapie sont en cours pour les tumeurs métastatiques MSI-H.
Un choix de traitements établi en réunion de concertation pluridisciplinaire
Votre situation est discutée au cours d’une réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) qui rassemble au moins trois médecins de spécialités différentes : gastroentérologue, chirurgien, oncologue médical, radiologue, pathologiste…
En tenant compte des spécificités de votre situation et en s’appuyant sur des outils d’aide à la décision appelés recommandations de bonnes pratiques, les médecins établissent une proposition de traitements.
Pour en savoir plus sur les réunions de concertation pluridisciplinaires, consulter notre page sur le diagnostic et le choix du traitement.
Participer à un essai clinique, pour quoi faire ?
L’équipe médicale peut aussi vous proposer de participer à un essai clinique.
Les essais cliniques sont des études scientifiques menées avec la participation des personnes malades. Cela ne peut être fait qu’après votre information et votre accord écrit.
Le cancer du côlon fait l’objet de nombreuses études qui visent notamment à :
- identifier des altérations moléculaires au niveau des gènes des cellules cancéreuses et proposer aux patients les thérapies ciblées les plus adaptées ;
- tester de nouveaux traitements anticancéreux (notamment d’immunothérapie ou de thérapie ciblée) ;
- évaluer de nouvelles stratégies de traitements (chirurgie, séquences de traitement, etc.) ;
- évaluer différentes façons d’utiliser les traitements existants en mettant en place de nouvelles combinaisons de molécules. Le but est notamment d’améliorer l’efficacité des traitements et de réduire leurs effets indésirables ;
- comparer l’efficacité des médicaments utilisés pour soulager les symptômes (médicaments contre la douleur par exemple) ;
- comparer différentes stratégies pour traiter la dénutrition.
Chaque essai clinique a un objectif précis. Pour y participer, les patients doivent satisfaire à un certain nombre de critères, appelés critères d’inclusion, spécifiques à chaque essai et fixés dans le protocole de l’essai. C’est le médecin qui vérifie la possibilité que vous puissiez participer ou non.
Pour en savoir plus sur les essais cliniques.
Pour connaître les essais cliniques en cours sur le cancer du côlon, vous pouvez aussi consulter le registre des essais cliniques.
La proposition de traitements discutée avec le patient
Lors d’une consultation spécifique, la consultation d’annonce, le médecin vous explique les caractéristiques de votre maladie. Il vous présente la proposition de traitements retenue, les bénéfices attendus et les effets indésirables possibles. C’est l’occasion pour vous d’en discuter avec lui et de donner votre avis sur la proposition qui vous est faite.
Cette consultation est importante. Il est utile d’être accompagné par l’un de vos proches ou la personne de confiance que vous avez choisie.
Conseil : avant la consultation, notez toutes les questions qui vous viennent en tête et prenez le temps de les poser à votre médecin.
Cet échange vous permettra de mieux comprendre et d’intégrer les informations données par le médecin, en particulier celles sur le traitement envisagé, avec ses conséquences sur l’organisation de votre vie quotidienne, et de prendre avec lui les décisions adaptées à votre situation.
La personne de confiance et les directives anticipées : pour quoi faire ?
La personne de confiance est une personne que vous désignez, par écrit.
Elle peut :
- vous accompagner lors des entretiens médicaux ;
- vous aider dans vos décisions ;
- être consultée par l’équipe soignante si vous vous trouvez dans l’incapacité de recevoir des informations sur votre état de santé et d’exprimer votre volonté.
Les directives anticipées permettent de faire prendre en considération vos souhaits en ce qui concerne les conditions de limitation ou l’arrêt d’un traitement. Elles sont modifiables et révocables à tout moment.
Pour aller plus loin : rendez-vous sur notre page dédiée : Personne de confiance et directives anticipées.
Le programme personnalisé de soins
Qu’est-ce que le programme personnalisé de soins ?
Les modalités de la proposition de traitement sont décrites dans un document appelé programme personnalisé de soins (PPS). Il comporte notamment :
- les dates de vos différents traitements ;
- leur durée ;
- les coordonnées des membres de l’équipe soignante.
Quand vous avez donné votre accord sur la proposition de traitement, le document vous est remis et un exemplaire est transmis à votre médecin traitant, qui sera l'un de vos interlocuteurs privilégiés. N’hésitez pas à le présenter aux infirmiers libéraux et au pharmacien qui vont vous suivre dans votre parcours de soins.
Si votre PPS ne vous a pas été délivré, demandez-le à votre équipe soignante.
Le programme personnalisé de soins peut évoluer en fonction de votre état de santé et de vos réactions aux traitements.
Le PPS contient également un volet social qui doit permettre de repérer précocement d’éventuelles difficultés et de mettre en œuvre un accompagnement adéquat.
Une consultation paramédicale, temps d’accompagnement et d’écoute
Après cette consultation avec le médecin, une consultation avec un autre membre de l’équipe soignante, le plus souvent un infirmier, vous est proposée, ainsi qu’à vos proches. C’est un temps d’accompagnement et d’écoute. Vous pouvez revenir sur les informations qui vous ont été données par le médecin, vous les faire expliquer à nouveau ou poser d’autres questions. L’infirmière évalue avec vous vos besoins en soins et soutiens complémentaires (sur le plan social, psychologique ou nutritionnel, par exemple) et vous oriente si nécessaire vers les professionnels adaptés.
Les médecins, les pharmaciens et les membres de l’équipe soignante sont là pour vous accompagner. Ce sont vos interlocuteurs privilégiés ; n’hésitez pas à leur poser toutes vos questions. Ces échanges contribuent à renforcer le dialogue et la relation de confiance avec l’ensemble de ces professionnels tout au long de votre parcours de soins.
En cas de soupçon de prédisposition génétique : la consultation d’oncogénétique
Si les médecins qui vous suivent suspectent une prédisposition génétique au cancer colorectal, ils vous adresseront à un oncogénéticien qui procédera à une analyse constitutionnelle de vos gènes. Si les examens révèlent une anomalie génétique héréditaire, un test de dépistage pourra être proposé à vos frères, sœurs, parents ou enfants majeurs (c’est-à-dire vos apparentés au 1er degré) afin de déterminer s’ils en sont également porteurs.
Où se déroulent les traitements ?
La chirurgie et les traitements médicamenteux sont réalisés au sein d’établissements qui sont autorisés à les pratiquer. Ces établissements respectent des critères qui garantissent la qualité et la sécurité de ces traitements.
Retrouvez la carte interactive des établissements autorisés par région.
Seuls sont présentés dans ce dossier les traitements administrés en première intention, c’est-à-dire après le diagnostic.
Exemples de questions à poser à l’équipe médicale
- Quels sont les traitements préconisés dans ma situation ? Pourquoi ?
- Quels sont les objectifs de chacun de ces traitements ?
- Quels en sont les effets indésirables ? Comment les prévenir et les soulager ?
- Où et quand se déroulent les traitements ? Avec quels médecins et équipes médicales ?
- Quelle est leur durée ?
- Comment suis-je suivi pendant les traitements ?
- Quel est l’impact possible sur ma vie quotidienne ?
Quels sont les traitements possibles en fonction du stade du cancer du côlon ?
Le choix et l’ordre des traitements des cancers du côlon sont définis en fonction des caractéristiques du cancer dont vous êtes atteint et en particulier de son stade, c’est-à-dire de son étendue au moment du diagnostic.
Comment détermine-t-on les stades du cancer ?
Pour déterminer le stade du cancer, les médecins s’appuient sur un système international de stadification, le système TNM (utilisé pour Tumor, Nodes, Metastasis, ce qui signifie tumeur, ganglions, métastases).
Dans ce système, les médecins prennent en compte la profondeur de la tumeur dans les différentes couches du côlon, ainsi que son extension éventuelle aux organes voisins (T), l’atteinte ou non de ganglions lymphatiques à proximité par des cellules cancéreuses (N) et la présence ou non de métastases dans des parties du corps plus éloignées (M).
Il existe cinq stades différents, numérotés de 0 à IV :
- les stades 0, I et II correspondent aux cancers limités au côlon ou à sa périphérie proche (organes à proximité) ;
- le stade III correspond aux cancers qui ont atteint un ou plusieurs ganglions proches du côlon ;
- le stade IV correspond aux cancers qui présentent des métastases à distance.
Les différents stades du cancer selon le degré d'infiltration de la tumeur
Tumeur in situ
Elle est très superficielle et n’envahit pas la sous-muqueuse (stade 0).
Possibilité de traitement : la tumeur est enlevée pendant la coloscopie (on parle de résection endoscopique).
Cancer limité au côlon ou ayant atteint les organes et structures adjacents
Aucun ganglion n’est atteint et il n’y a pas de métastases (stades I et II).
Pour les stades I, le traitement consiste en une résection endoscopique (il s’agit de retirer la tumeur par endoscopie) pour les tumeurs superficielles, ou en une résection chirurgicale pour les tumeurs plus infiltrantes.
Pour les stades II, la chirurgie est le traitement de référence. Dans certains cas, une chimiothérapie peut être envisagée en complément de la chirurgie, notamment si des facteurs de risque de récidive sont identifiés.
Cancer limité au côlon ou aux organes et structures adjacents, un ou plusieurs ganglions atteints
Des cellules cancéreuses ont atteint un ou plusieurs ganglions lymphatiques. Il n’y a pas de métastases (stade III).
La chirurgie est le traitement de référence. Elle est suivie, dans un délai de 8 semaines, d’une chimiothérapie dite adjuvante, c’est-à-dire réalisée après le traitement de référence (ici, la chirurgie). La durée de la chimiothérapie est variable (de 3 à 6 mois). Elle est discutée en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) selon les caractéristiques de la tumeur.
Une ou plusieurs métastases
Le cancer a envahi d’autres organes sous la forme d’une ou de plusieurs métastases (stade IV).
Le choix des traitements est alors fait en fonction, notamment, de vos éventuels symptômes, de votre état général et du nombre de métastases, de leur localisation, ainsi que de la possibilité ou non de les retirer. En l’absence de contre-indication, le traitement comporte une chimiothérapie associée, dans certaines situations, à un traitement par thérapie ciblée.
Des examens d’imagerie (scanner, IRM, etc.) sont régulièrement réalisés pour évaluer l’efficacité de la chimiothérapie et la possibilité d’une chirurgie de la tumeur du côlon et des métastases.
Dans tous les cas, des soins visant à soulager vos symptômes et améliorer votre qualité de vie sont mis en œuvre.